Ce que le cheval m’a appris sur la gestion de projet (et de client)

Benoit Costa

Quand on repense à ce que l’on apprend en devenant entrepreneur, on parle souvent d’organisation, d’autonomie, de capacité de priorisation. Mais il y a une autre école qui m’a appris énormément : celle du cheval.

Le quadrupède dont je m’occupe dans mon temps libre est ce qu’on appelle un cheval d’expérience. Il a connu beaucoup de choses, il est fiable, parfois cabochard, mais surtout infiniment juste. Et dans notre relation, j’ai appris bien des choses… que je retrouve chaque jour dans ma vie personnelle et professionnelle, en accompagnant des projets SEO parfois complexes, parfois décousus, souvent profondément humains.

Voici ce que l’équitation m’a appris sur la gestion de projet — et de client, en tant que consultante indépendante pour epokhe.consulting.

1. Observer avant d’agir

En équitation, si l’on agit sans écouter, on force, on bouscule, et très vite… le cheval s’éteint, résiste ou se défend. C’est un peu pareil dans les relations humaines. Il y a des jours où notre interlocuteur peut être stressé, d’autres où il a besoin de réassurance, et parfois, il ne formule pas explicitement ses besoins.

Mais savoir écouter, c’est faire présence. C’est observer les signaux faibles, les pauses. C’est aussi laisser l’autre s’exprimer sans chercher à corriger trop vite. Et souvent, la meilleure réponse n’est pas technique. C’est une reformulation, une posture plus douce ou une clarification de pensée.

2. Poser un cadre cohérent

En gestion de projet, le cadre rassure. Le périmètre, les objectifs, les délais : ce sont des balises qui permettent aux partenaires de s’engager. Avec mon cheval, j’ai appris que la cohérence, cette forme de fermeté bienveillante, est la clé. Dire non sans agressivité. Dire oui et s’y tenir. Et surtout, tenir le cap dans la durée.

Souvent, la meilleure réponse n’est pas technique. C’est un nouveau regard ou un temps de respiration. Comme en projet, cela correspond à la phase de cadrage et d’écoute active des parties prenantes : on recueille les besoins explicites, mais aussi les non-dits.

3. Respecter le rythme de l’autre

On ne force pas un cheval à comprendre. On lui propose, on attend, on reformule. Et parfois, il faut accepter qu’aujourd’hui, ce n’est pas le jour ou que notre demande doit être clarifiée pour être mieux comprise. Le jeune cheval a besoin de temps pour grandir, tandis que celui en apprentissage a besoin d’assimiler la leçon de la veille.

Les projets, les clients, les équipes ont aussi leurs rythmes. On ne peut pas tout pousser en même temps. On ne peut pas exiger une montée en compétence ou un changement de direction brutal. J’ai appris à respirer. À découper. À construire plutôt par étapes logiques.

4. Gérer l’imprévu avec calme

Un équidé peut avoir peur d’un sac plastique. Un mail peut bousculer tout un planning. Un bug dégrader une version en prod. Même combat : l’imprévu fait partie du quotidien. La question, c’est de savoir comment on réagit.

Ma relation au cheval m’a appris à essayer de ne pas me crisper, mais à devenir une sorte de guide protecteur, même quand tout fait peur, à revenir à l’essentiel : rester en lien, proposer une alternative, agir sur ce que je peux, et même descendre de cheval et passer devant s’il le faut. C’est une philosophie très précieuse en gestion de projet, surtout quand on a pense que tout vacille.

5. Différencier exécution et collaboration

Le cheval n’est pas une machine à qui on demande d’exécuter des ordres. Il est un partenaire avec qui on cherche une solution, et il faut pour cela viser son adhésion. 

Dans un projet, si je me positionne uniquement comme exécutante, je risque de perdre mes propres leviers de motivation. Mais si je m’impose sans négocier, je pourrais perdre mes interlocuteurs. Le bon équilibre, c’est de proposer, de guider, et s’ajuster si nécessaire en fonction des retours.

6. Le chemin compte autant que le résultat

En équitation, certains peuvent chercher à faire beau et performant « à tout prix ». Dans une vision long terme, on construit par paliers : impulsion, rythme, rectitude, équilibre… Dans mon travail, je poursuis cet idéal aussi : une analyse et des actions plus justes, sans sacrifier la vue d’ensemble et la finalité.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’équicoaching séduit de plus en plus de professionnels, managers et indépendants. Car face à un animal sensible, on ne peut ni tricher, ni manipuler, ni faire semblant. Il nous ramène à l’essentiel : notre posture, notre énergie, notre capacité à écouter l’autre, sans dominer. En ce sens, le cheval est une véritable école de la vie — et un excellent formateur en gestion de projet.